La résistance aux vaccins et la Covid19, acteurs et pratiques numériques.
résumé :
Depuis plusieurs années, les controverses vaccinales se sont multipliées et ont gagné en visibilité dans le champ médiatique à partir de la campagne contre la grippe A (H1N1). Des recherches en sociologie des sciences se sont attachées à analyser les stratégies discursives qui se déploient dans ces débats (Blume, 2006). La construction d’une crédibilité par la mobilisation d’études et d’arguments scientifiques y joue un rôle déterminant, la mise en cause des adversaires eux-mêmes – l’étiquetage public de l’adversaire comme anti-scientifique ou irrationnel – constituant l’une des modalités les plus communes de ces pratiques discursives pour reléguer symboliquement les individus.
De rares études ont porté leur attention sur les discours des professionnels de santé et de militants engagés dans la promotion de la science (Ward et al., 2019) donnant lieu à de violents affrontements entre les communautés. L’essor des réseaux sociaux semble avoir favorisé la constitution d’un espace numérique de contestation fortement politisé et mobilisé (Navin et Attwel, 2023). Le projet de thèse s’intéresse aux pratiques numériques et aux différentes expertises en lien avec les politiques de vaccination pendant la période de covid-19. Comment, dans une société de plus en plus individualisée, des sujets dispersés parviennent-ils à produire collectivement des ressources et à se mobiliser pour proposer des expertises plurielles ? Et, partant du principe que l’expertise est toujours une transgression (Roqueplo, 1997), quelles sont les dynamiques qui favorisent la légitimité ou l’absence de reconnaissance d’une expertise en ligne ?
Directeur de thèse : Eric Heilmann