Résumé

La France est le théâtre d'une politique nutritionnelle interventionniste, engagée par le Ministère de la Santé avec le Plan National Nutrition Santé en 2001 et ayant conduit à la mise en place d'une communication stratégique soulignant le lien entre alimentation et santé. L'information et la communication sanitaire et nutritionnelle mute drastiquement dans le contexte de la société numérique et reposent tant sur l'expertise scientifique et médicale orchestrée par les pouvoirs publics que les connaissances expérientielles véhiculées dans des communautés en ligne. Par ailleurs, la notion de consommation engagée donne naissance à une valorisation et une promotion de l'écologie et de l'éthique dans de nombreux discours alimentaires. Dans cette complexité, les influenceurs.ses conseillant leurs « followers » sur leurs pratiques alimentaires s'imposent comme des acteurs locaux et régionaux dont le pouvoir de prescription doit être interrogé. L'objectif de cette thèse est de saisir les nouveaux enjeux des productions symboliques sur l'alimentation et ses controverses, mises en circulation ou produites dans différents espaces numériques communautaires constitués et dominés par des influenceurs plus ou moins auto-proclamés. En effet, le web social est devenu une nouvelle source d'information mais aussi de création de contenu. Ainsi, entre le « bien manger » et le « manger bon », le présent travail doctoral étudiera les pratiques communicationnelles en ligne des principaux influenceurs « alimentaires » locaux et régionaux. Il visera à caractériser, au sein d'espaces publics numériques restreints constitués autour de ces influenceurs-influenceuses, les possibilités d'émergence d'une nouvelle prescription alimentaire 2.0 émancipatrice, éthique, saine et bonne pour la santé, en prise ou en opposition avec les enjeux communicationnels de légitimation étatique, industrielle, mais également militante (ex : véganisme, végétarisme, etc.).